Chez Real Ventures, on consacre beaucoup de temps à réfléchir à la relation entre la technologie et la société. Plus récemment, on s’est aussi penché sur le lien entre le capitalisme et la société – on est des capitalists à risque après tout.
Partout dans le monde, on retrouve des visions variées du capitalisme, et même en Amérique du Nord, les opinions divergent. Plutôt que d’avoir peur de discuter de ces perspectives différentes, on encourage le débat et la réflexion.
En explorant ces idées, on a eu la chance de rencontrer des gens incroyables – des penseurs dont la recherche et les connaissances façonnent nos réflexions et nos actions. Ce mois-ci, on a eu le privilège d’accueillir une telle personne à notre assemblée annuelle. Raj Sisodia, professeur distingué en commerce international au Babson College, chercheur principal du Whole Foods Market sur le capitalisme conscient et cofondateur et coprésident du mouvement du capitalisme conscient, se consacre depuis plus d’une décennie à explorer les effets positifs d’une approche consciente du capitalisme sur notre monde.
À travers ses recherches pour près d’une douzaine de livres, il a découvert une vérité puissante et son propre but:
Plusieurs des entreprises les plus prospères au monde sont celles qui insufflent du cœur, de la guérison et de l’amour au leadership.
Prenant Whole Foods comme exemple, il explique :
« C’est comme une mission avec une entreprise, et non pas une entreprise avec une mission. Ils grandissent et se développent pour accomplir leur objectif, qui est d’éduquer les gens sur le fait que ce que l’on met dans son corps a un impact sur sa santé, la santé du système alimentaire et la santé de la planète. Et cet objectif conserve son urgence même 30 ou 40 ans après leur fondation. »
Raj croit qu’on devrait reconnaître l’énorme impact positif que le capitalisme a eu sur l’humanité.
« On doit célébrer et élever le capitalisme, pas le démolir. »
Cela étant dit, l’adoption à grande échelle de ce que Raj appelle l’« illusion de la maximisation des profits » a eu des répercussions importantes sur la société. Cette approche commerciale – où l’indicateur principal de réussite est censé être l’augmentation trimestrielle des profits – est apparue en grande partie dans les années 1970 avec l’affirmation de Milton Friedman selon laquelle :
« … Il n’y a qu’une seule et unique responsabilité sociale des entreprises : utiliser ses ressources et s’engager dans des activités visant à accroître ses profits, à condition de respecter les règles du jeu, c’est-à-dire de s’engager dans une concurrence libre et ouverte sans tromperie ni fraude. »
Cet accent unique sur le profit a, en fait, eu l’effet inverse de celui escompté, note Raj, avec des rendements des actifs en constante diminution pour les entreprises aux États-Unis depuis que cette vision a été adoptée.
L’approche de maximisation des profits ignore une vérité évidente. Comme le dit Herb Kelleher, fondateur de Southwest Airlines :
« L’essence même des affaires, ce sont les gens – hier, aujourd’hui et pour toujours. »
Cela devrait aller de soi.
Les médecins deviennent médecins parce qu’ils veulent soigner les autres. Les enseignants enseignent parce qu’ils veulent éduquer. La plupart des entrepreneurs lancent des entreprises parce qu’ils veulent résoudre des problèmes importants, mais contrairement à d’autres professions, on ne mesure pas la réussite des entreprises en fonction de leur capacité à aider les gens, mais plutôt des profits qu’elles génèrent pour leurs actionnaires.
Alors, pouvons-nous remettre en question cette approche étroite du capitalisme et adopter une version qui a des retombées positives pour toutes les parties prenantes? Peut-on transformer les lieux de travail en des environnements où les employés peuvent partir à la fin de la journée mentalement, physiquement, émotionnellement et spirituellement plus en forme qu’en arrivant?
Comment gérer des entreprises de manière à ce que les clients soient fidèles non pas parce qu’une compagnie dépense plus en publicité que ses concurrents, mais parce qu’ils sont attirés par son objectif?
Raj est convaincu qu’en fusionnant la conscience et le capital par le biais d’une approche réfléchie et évoluée de la création d’entreprises, on peut bâtir des sociétés plus solides et plus prospères qui ont des effets positifs nets sur toutes les parties prenantes. En mettant l’accent sur la confiance, l’authenticité, l’attention portée aux gens, l’autonomisation et, par-dessus tout, le sens du but, on pourra non seulement résoudre les problèmes de millions de personnes à travers le monde, mais aussi potentiellement accroître la prospérité économique pour tous.
En tant qu’investisseurs dans des entreprises technologiques, on se tourne souvent vers l’histoire pour comprendre l’avenir, mais on en est venu à reconnaître que l’avenir pourrait aussi être très différent du passé.
Dans le même ordre d’idées, le capitalisme des 50 dernières années, axé étroitement sur le rendement pour les actionnaires, ne sera peut-être pas celui que les dirigeants et les marchés adopteront à l’avenir. Le mois dernier, par exemple, la Business Roundtable des États-Unis a annoncé une redéfinition de la raison d’être de la société, y incluant la nécessité de « promouvoir une économie qui serve toutes les parties prenantes ».
Seul le temps dira s’il s’agit d’un autre jalon vers une adoption plus générale de cette vision plus large de la raison d’être de l’entreprise (nous en sommes convaincus) et si les idées qui sous-tendent le capitalisme conscient seront embrassées par l’écosystème du capital-risque (nous savons que nous le ferons).
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