Le leadership canadien en IA axé sur l’impact social

La technologie est neutre en soi, mais ses applications ne le sont pas. Alors que nos vies sont irrémédiablement modifiées par des vagues d’innovation, il est clair que nous devons réfléchir aux implications des technologies que nous déployons et des modèles d’affaires que nous créons avant que les choses ne tournent mal, et non pas après que des vies aient été ruinées et que la société se soit effondrée. L’époque où l’on pouvait créer des produits addictifs en toute bonne conscience est révolue. Nous connaissons maintenant les implications. Nous savons le grand bien et le mal que les progrès technologiques peuvent causer. Nous entrons dans une nouvelle ère de progrès scientifique et technologique, et les leaders sont ceux qui ont un œil sur les incroyables opportunités et les pièges potentiels qui se profilent à l’horizon.

L’avantage canadien en matière d’IA

Avec l’intelligence artificielle qui pénètre dans presque tous les secteurs, l’humanité a la possibilité d’améliorer les résultats dans tout le spectre de l’industrie : de la santé à l’éducation, en passant par la finance et l’agriculture. C’est une occasion sans précédent qu’il faut aborder avec conscience et intention. Le Canada occupe une position unique en ce sens que nous abritons non seulement deux des grands pionniers du domaine – Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton – mais aussi parce que nous avons une force collective dans notre communauté de recherche en intelligence artificielle et en apprentissage automatique. Cette communauté est déjà soudée, collaborative et croit que cette technologie peut faire un bien important dans le monde.

« La communauté de recherche canadienne en IA accorde une importance particulière aux aspects sociaux et éthiques de l’IA, conformément aux valeurs du Canada », déclare Yoshua Bengio. « En raison de la place prépondérante de l’IA dans la société, les leaders de l’IA ont une voix. Je pense que c’est à la fois une opportunité et un devoir d’utiliser cette voix judicieusement, d’aider à orienter nos sociétés vers des applications socialement bénéfiques de l’IA et de dénoncer les cas de mauvaise utilisation de l’IA », poursuit-il.

Montréal : Un pôle de recherche et de développement en IA

Concrètement, les chercheurs et les chefs de file technologiques de Montréal ont lancé des initiatives en faveur des personnes défavorisées de notre société. Un excellent exemple est TechAide IA, une conférence et une collecte de fonds organisées le 26 avril en soutien à Centraide du Grand Montréal, sous la direction d’Hugo Larochelle de Google Brain, et mettant en vedette des chefs de file de l’IA comme Bengio et Joelle Pineau (professeure à McGill et responsable du laboratoire de recherche en IA de Facebook à Montréal), entre autres chercheurs chevronnés et prometteurs de Microsoft, Google, Facebook et Element AI.

L’objectif de la conférence est double : permettre aux étudiants d’accéder gratuitement à certaines des recherches les plus récentes et les plus avant-gardistes dans le domaine, et collecter des fonds pour Centraide afin de briser le cycle de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans le Grand Montréal. Larochelle s’est engagé à égaler les dons à Centraide jusqu’à concurrence de 25 000 $.

« Nous partageons tous à Montréal un engagement fort envers la construction d’un écosystème prospère et dynamique », dit-il. « Lorsque j’ai mentionné la conférence TechAide IA, j’ai reçu le soutien de mes pairs très rapidement. Nous contribuons essentiellement à la même mission : faire de Montréal le meilleur endroit au monde pour faire de l’IA et de l’apprentissage automatique. Nous essayons également tous de contribuer à la formation de la prochaine génération d’étudiants, car nous savons que c’est important pour le domaine et aussi pour Montréal. »

En tant qu’investisseur dans des entreprises technologiques, Real Ventures partage ce sentiment. Non seulement l’entreprise a travaillé sans relâche au cours de la dernière décennie pour aider à jeter les bases d’une communauté de startups florissante à Montréal et à travers le Canada, mais nos partenaires fondateurs ont également joué un rôle déterminant dans le lancement d’initiatives et d’organisations comme OSMO et TechAide, qui se concentrent sur le renforcement de la communauté et la création de résultats positifs pour toutes les parties concernées.

« Nous sommes tous nés pour redonner, et se rassembler pour redonner de manière créative avec notre temps, nos idées ou notre argent est vital », déclare Alan MacIntosh, partenaire de Real et ambassadeur de TechAide. « La conférence TechAide IA est une occasion rare pour les chefs de file canadiens de l’IA de disséminer non seulement leurs dernières idées, mais aussi d’aider ceux de notre société qui en ont le plus besoin. »

Yoshua Bengio partage ce sentiment. « La communauté de recherche et développement en IA a la responsabilité de redonner à la collectivité. Nous sommes privilégiés à bien des égards, et il est donc naturel d’agir ainsi », dit-il. « La technologie de l’IA est déjà puissante et le deviendra encore plus à l’avenir, à mesure que la science sous-jacente progressera, que les ensembles de données s’agrandiront, que le matériel spécialisé deviendra plus efficace et moins cher, et que les ingénieurs et les entrepreneurs inventeront de nouvelles façons d’utiliser l’IA », poursuit-il.

« Des outils puissants peuvent être utilisés à bon escient ou mal utilisés. Je souhaite que la société devienne plus sage plus vite, que notre sagesse progresse au moins aussi vite que nos outils. Sinon, le risque de mauvaise utilisation et d’impact fortement négatif augmentera, surtout de la part des plus désespérés de la planète. Par conséquent, il est crucial de s’assurer qu’à l’avenir, chaque être humain profite de ce progrès, que nous ne développions pas seulement la technologie, mais que nous devenions également des sociétés plus justes et plus socialement responsables. »

L’importance de la responsabilité sociale dans le développement de l’IA

Bengio et ses collègues de Mila (l’Institut montréalais d’apprentissage automatique) se sont déjà profondément engagés à façonner la façon dont le monde perçoit et adopte la technologie de l’IA en faisant preuve de leadership moral. Mila s’est associée à et co-fonde AI Commons, un méta-projet d’IA pour le bien social visant à rassembler des experts en IA, des scientifiques des données, des propriétaires de problèmes (par exemple, des ONG) et des philanthropes pour collaborer à la résolution de problèmes socialement importants grâce à l’IA dans le monde entier. L’organisation contribuerait à la gestion des données, en fournissant des ressources informatiques et en évaluant les projets de manière transparente.

Montréal affiche également des références exceptionnelles telles que la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle et les rencontres bimensuelles de l’Institut montréalais d’éthique de l’IA, qui illustrent le leadership moral et éthique de la ville dans le domaine de l’IA.

D’autres initiatives incluent la conférence TechAide IA4Good en juillet, qui vise à encourager « une discussion interdisciplinaire et un forum pour les chercheurs en IA et les organisations à but non lucratif afin de relever des défis importants liés à la société montréalaise, et ainsi forger de futures collaborations possibles ». Il ne faut pas confondre cela avec le AI4Good Summer Lab, un programme de 7 semaines destiné aux étudiantes en informatique, également lancé par OSMO, qui a pour « objectifs ambitieux de s’attaquer à la diversité et à l’inclusion dans la recherche et le développement de l’IA, et d’inspirer la prochaine génération de leaders techniques à développer l’IA comme une force pour le bien social ». IVADO organise également une école d’été sur les biais et la discrimination dans l’IA afin de « mobiliser des équipes multidisciplinaires de chercheurs et de praticiens pour explorer les dimensions sociales et techniques des biais, de la discrimination et de l’équité dans l’apprentissage automatique et la conception d’algorithmes ».

« L’apprentissage automatique et les technologies de vision par ordinateur ont de nombreux impacts positifs et un potentiel important dans notre société. De nombreuses applications, telles que les applications médicales de l’IA, sont conçues pour améliorer la qualité de notre vie. Je pense que nous devons être optimistes, mais en même temps, nous devons également être attentifs aux cas potentiels où nos technologies feraient plus de mal que de bien », déclare Negar Rostamzadeh, chercheuse scientifique chez Element AI et autre conférencière à TechAide IA. « Je suis vraiment heureuse de voir à quel point les chercheurs de renom au Canada sont conscients des impacts de la recherche sur l’IA et des solutions à apporter aux problèmes qui peuvent mal tourner. »

Des startups canadiennes à l’avant-garde de l’IA pour le bien

En plus de la solide communauté de recherche, un certain nombre de startups canadiennes remarquables travaillent également avec l’IA pour résoudre des problèmes sociaux et bâtir un avenir meilleur. Ces entreprises vont de Delphia, une société qui s’approvisionne en données éthiques ou « propres » auprès d’utilisateurs consentants et rémunérés pour l’utilisation de leurs données, à XpertSea, une startup aquacole qui utilise l’IA pour compter les larves de poissons et de crevettes afin de contribuer à nourrir le monde de manière plus durable. Investir dans ces entreprises qui façonnent la société et les aider à croître et à réussir fait non seulement partie de notre mission en tant que société de capital-risque, mais c’est aussi la direction dans laquelle nous espérons orienter la société dans son ensemble.

« L’IA est un outil qui permet de faire de nombreuses choses différentes. Il ne s’agit pas seulement de vision par ordinateur et de traitement du langage naturel », déclare Larochelle. « L’IA a déjà un impact sur le monde de nombreuses façons, mais c’est pourquoi il est important de poursuivre ces recherches et d’aider le monde. »

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